L'ambivalente réception de la case de l'Oncle Tom-1
L’AMBIVALENTE RÉCEPTION DE LA CASE DE L’ONCLE TOM EN FRANCE : PLEURER OU PERSIFLER ? (PARTIE I. UN SUCCÈS ÉDITORIAL ORCHESTRÉ)
Agnès Sandras
Les premières traductions de La Case de l’oncle Tom sont publiées fin 1852 en France. Les dimensions hors normes du succès de cet ouvrage ont été magistralement étudiées par Claire Parfait1, qui a montré comment et pourquoi le lectorat français adulte se prend pour la première fois de passion pour un roman anglophone en provenance des États-Unis. L’objet de ce billet et des deux suivants est d’étudier ce qu’on pourrait nommer la réception de la réception. De 1840 à 1900, tout succès littéraire est en effet décortiqué par la presse satirique. Les travers en sont grossis par la parodie, des textes humoristiques et des caricatures, et l’auteur est parfois livré à la curiosité du public par la charge2. Comment la presse satirique – formidable caisse de résonance et véritable laboratoire de réflexion sur les champs littéraires et les gens de lettres – a-t-elle observé et disséqué le succès du roman d’Henriette Beecher Stowe ? Deux dimensions sont particulièrement intéressantes et délicates à traiter tant il faut les contextualiser sous peine d’en faire des analyses erronées et/ou anachroniques : la réception d’un ouvrage réputé pour son message anti-esclavagiste (ce sera l’objet du deuxième billet) et la représentation des héros noirs de l’ouvrage (objet du troisième et dernier billet).
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L’AMBIVALENTE RÉCEPTION DE LA CASE DE L’ONCLE TOM EN FRANCE : PLEURER OU PERSIFLER ? (PARTIE II. UN MESSAGE ANTI-ESCLAVAGISTE PLUS OU MOINS APPRÉCIÉ)
Agnès Sandras
Dans le précédent billet (à lire ici), nous avons vu comment et combien le succès éditorial de La Case de l’oncle Tom avait été orchestré. Le roman à la mode arrive en France, via l’Angleterre, avec une injonction aux larmes et à l’émotion. Sa publication sous forme de feuilletons ou d’ouvrages est suivie de près par les adaptations théâtrales. Aux traductions variées s’ajoutent donc des mises en scène différentes, se partageant larmes et rires. Ce sont autant d’occasions pour les critiques et les humoristes d’évoquer La Case de l’oncle Tom.
Au cœur des sourires et attendrissements, mais aussi d’agacements très marqués, se logent deux questions rarement évoquées de façon frontale : que penser de ce roman présenté comme un manifeste anti-abolitionniste ? De quelle façon les Noirs y sont-ils représentés (voir billet suivant) ? Ces deux interrogations sont d’une actualité forte dans la France de 1853 : l’esclavage y a été aboli récemment (1848) ; l’empereur Napoléon III songe à étendre les colonies françaises …
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L’AMBIVALENTE RÉCEPTION DE LA CASE DE L’ONCLE TOM EN FRANCE : PLEURER OU PERSIFLER ? (PARTIE III. LA QUESTION DE L’IMAGE.)
Agnès Sandras
On sait toute l’Oncle-Tomanie qui s’est emparée de l’Angleterre et de la France ; le roman de Mme STOWE, écrit dans sa cuisine entre l’enfant auquel elle donnait à téter et le rôt qui se dorait au feu, s’est trouvé un chef-d’œuvre : on l’a dépecé par quartier, on l’a mis à toutes les sauces ; on en a fait des drames, des vaudevilles, des romances, des tableaux ; le bœuf gras s’est appelé l’Oncle Tom. Enfin : Aimez-vous l’Oncle Tom ? On en a mis partout1.
Cette critique aujourd’hui surprenante de La Case de l’Oncle Tom reflète parfaitement la situation en 1853. Nous avons vu dans les deux billets précédents que le roman de l’Américaine Harriett Beecher Stowe connaît immédiatement en France plusieurs traductions, conquiert les rez-de-chaussées des journaux nationaux et provinciaux, et est adapté sous des formes différentes au théâtre. La presse satirique est agacée non pas tant par le contenu de l’œuvre que par la démesure de son succès.
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Young People, Texts, Cultures sur "le rire"
Numéro spécial de Jeunesse : Young People, Texts, Cultures sur "le rire"
Jeunesse : Young People, Texts, Cultures vous invite à soumettre un résumé en français ou en anglais sur le rire en relation avec les textes et la culture des jeunes pour un numéro spécial qui sera publié à l’été 2021.
Il ne fait aucun doute que le rire joue un rôle important dans les textes et cultures des jeunes, un rôle qui diffère considérablement de celui qu’il joue chez les adultes, bien qu’autant les adultes que les enfants peuvent rigoler en réponse aux médias pour enfants puisque ceux-ci s’adressent souvent à un double public (Butler 40).
Le stand up
Journée d'étude sur le stand up prévue le 17 juin à Besançon doit être reportée sans doute en 2021.
Nous relançons l'appel à communications, et rechercherons ensuite avec l'ensemble des participants une date convenable. Nous gardons donc les propositions déjà envoyées et reviendrons vers vous après la rentrée de septembre. Entre temps si vous voyez d'autres personnes qui pourraient souhaiter contribuer ou être tenues informées, n'hésitez pas.
Le descriptif se trouve ici: https://www.fabula.org/actualites/vous-la-connaissez-non-le-stand-up-aujourd-hui-interaction-circulation-hybridation_95683.php
Autofiction et humour
AUTOFICTION and HUMOUR : appel à communication
Special Issue of Life Writing (Autumn 2021)- Deadline for proposals 20 June 2020
One of the main features of autofictional literature is its so-called ability to “sit on the fence” (Lejeune) and be simultaneously fictional and referential. Throughout the theoretical discussions on autofiction this has overshadowed some of its other features.
Nouvelles femmes et humour
The New Woman and Humour : appel à contributions
Cahiers victoriens et édouardiens
In late Victorian satirical magazines, comedies and conversation, the New Woman was an inexhaustible source of fun. For the opponents of women’s emancipation, ridicule was a weapon, which could win them allies even among women.
L'humour face aux épidémies 4
Agnès Sandras, L’HUMOUR FACE AUX ÉPIDÉMIES – PARTIE IV.
EPIDÉMIE D’ÉPIDÉMIES ET INCONSCIENT COLLECTIF
Ce quatrième et dernier texte de la série “humour et épidémies” se propose d’explorer quelques thématiques repérées lors des recherches pour les précédents billets, qui me paraissent éclairer certaines des interrogations actuelles quant à notre inconscient collectif face à une pandémie.
L'humour face aux épidémies 3
Agnès SANDRAS, L’HUMOUR FACE AUX ÉPIDÉMIES – PARTIE III.
AU PLUS FORT DE LA PANDÉMIE DE GRIPPE (1918-1919)
Dans le précédent billet, nous avons vu comment la grippe de 1918-1919 suscite tout d’abord dans une partie de la presse française des réactions de bravade ou d’incrédulité quant à sa gravité possible.
L'humour face aux épidémies 2
Agnès SANDRAS, L’HUMOUR FACE AUX ÉPIDÉMIES – PARTIE II.
RIRE AU MOMENT OÙ SE CONJUGUENT LA GRANDE GUERRE ET LA GRIPPE DITE ESPAGNOLE-1918.
La pandémie de grippe de 1918 et 1919 aurait fait entre 28 et 50 millions de morts dans le monde, dont 240 000 en France1. Pour autant, il y eut au début de cette pandémie des chansons et des caricatures. Inconscience ? Mauvais goût ? Peut-être, mais plus sûrement tentatives de résistance et résilience face à l’indicible.
L'humour face aux épidémies 1
Agnès Sandras, L’HUMOUR FACE AUX ÉPIDÉMIES – PARTIE I.
LE CHARIVARI, LE CHOLÉRA ET LA GRIPPE ENTRE 1832 ET 1870
Des chansons, des dessins, des parodies, et bien d’autres, fleurissent actuellement autour du coronavirus sur les réseaux sociaux. La stratégie de résistance via l’humour face aux différentes catastrophes n’est pas nouvelle. Ses formes évoluent en fonction des progrès techniques : la diffusion massive et immédiate aujourd’hui du rire (et parfois de son corollaire, la réprobation) n’est pas comparable à celle du XIXe siècle, ou du moins des traces que nous en avons grâce aux imprimés (presse, ouvrages, chansons, etc.), et aux archives.