Plantu, 50 ans de dessin de presse

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mages/2018_Plantu_300.jpgPlantu, 50 ans de dessin de presse

 

Exposition 20 mars I 20 mai 2018
Galerie des donateurs, BnF I François-Mitterrand

 
Quai François Mauriac, Paris XIIIe
Du mardi au samedi 10h > 19h
Dimanche 13h > 19h
Fermeture les lundis et jours fériés
Entrée libre
Commissariat : Martine Mauvieux, conservateur, chargée des collections de presse,
département des Estampes et de la photographie, BnF

En une cinquantaine d’années, le dessinateur de presse Plantu a réalisé des milliers de dessins
publiés dans de nombreux journaux. C’est à la Bibliothèque nationale de France qu’il a choisi de
confier cet important fonds, véritable illustration de l’actualité française et internationale de ce
demi-siècle écoulé.
À l’occasion de cette entrée exceptionnelle dans les collections de la Bibliothèque, quelque 150
pièces, dont une centaine de dessins originaux, sont présentées dans la Galerie des donateurs.
L’exposition permettra de saisir l’évolution graphique de Plantu, mais aussi d’apprécier son talent de
sculpteur humoristique et son engagement à défendre les dessinateurs de presse du monde entier
par le biais de l’association Cartooning for Peace qu’il a fondée en 2006.
Après la publication de premiers dessins à la fin des années 1960, dans La Vie du Rail ou Bonne soirée,

Jean Plantureux, alias Plantu, retient l’attention avec un dessin de presse sur la guerre du Vietnam, publié
dans le journal Le Monde en 1972, alors qu’il n’a que 21 ans : coup d’envoi d’une longue carrière de
dessinateur caricaturiste d’actualité qui a accompagné le parcours du quotidien.

À ses débuts, Plantu a dessiné dans plusieurs journaux de tendances très différentes, du Pèlerin au
Canard enchaîné, en passant par La Grosse Bertha ou Charlie Hebdo. À partir de 1985, André Fontaine,
directeur du journal Le Monde de l’époque, décide de le publier en Une et en exclusivité : c’est ainsi qu’il
devient le dessinateur attitré du célèbre quotidien du soir.
En 1991, Plantu entre à l’Express où ses dessins sont publiés en pleine page, jusqu’en 2017.
L’exposition présente une centaine de dessins originaux, parmi lesquels des inédits, des études et croquis
préparatoires, ainsi qu’une cinquantaine d’impressions couleurs. Cet ensemble permet d’apprécier
différentes facettes du travail de l’artiste : son graphisme, du plus épuré au plus illustratif, ses dessins
audacieux jusqu’au burlesque, facétieux jusqu’à l’insolence, émouvants jusqu’à l’hommage respectueux.
On voit naître et évoluer les animaux fétiches de Plantu, la colombe et la souris, mais aussi tout un
bestiaire où l’on retrouve les figures clé du monde politique d’hier et d’aujourd’hui.

En tant que journaliste, Plantu observe et commente les décisions gouvernementales et les faits de
société ; en tant qu’humoriste, il se joue des personnages, les transposant, en quelques traits d’une
tendre cruauté, dans des univers cocasses, souvent plus révélateurs et percutants que de longs discours.
Pour lui, le dessin de presse est l’art nécessaire du dérapage : il faut aller loin dans la provocation mais
s’arrêter à temps, pour ne pas blesser gratuitement ou toucher à la vie privée.

Critique à l’égard des choix des hommes et femmes de pouvoir, il l’est, attirant l’attention sur leurs
contradictions ou leurs mensonges : sous son crayon, la planète ressemble à un gros ballon coupé en
deux et asphyxié, les rapports entre les populations se soldent par des murs que l’on monte ou que l’on
détruit et des ponts que l’on jette entre deux pays avec un espoir fragile. En faisant pénétrer les lecteurs
dans d’improbables salles de classes, Plantu insiste avec élégance sur le rôle essentiel de la culture
et de l’éducation, pour une lutte sans merci contre l’ignorance, source de violence et de barbarie.

Il s’inquiète du recul de la démocratie dans le monde et nous présente les mille et une tribulations de
Marianne, figure emblématique de la République française.
Habile dessinateur, roué à toutes les astuces graphiques pour exprimer le mouvement, les sentiments et
les émotions, Plantu ne cache pas son admiration pour des créateurs d’exception qui ont tissé l’imaginaire
collectif, que ce soit dans le domaine de la peinture, de la sculpture, ou de la bande dessinée (Léonard de
Vinci, Delacroix, Rodin, Hergé, Reiser, Goscinny et Uderzo…). Il leur rend hommage, les pastichant avec
bonheur pour traduire les faits de société et les manœuvres politiciennes.
L’exposition complète cet ensemble avec la présentation de quelques Unes célèbres et une sélection
d’albums, réunissant les dessins publiés au cours de l’année précédente ; on découvrira aussi un choix
de sculptures, - juges, souris et présidents de la République (le général de Gaulle, François Mitterrand,
Jacques Chirac) - ainsi que des produits dérivés illustrés par Plantu.
Des enregistrements audiovisuels montrent l’artiste au travail, expliquant sa démarche en tant que
dessinateur engagé, en prise avec ses crayons et ses feuilles pour restituer, dans la juste dérision, son
sentiment à l’écoute des informations diffusées par les médias.
Enfin, on pourra voir ou revoir des documents de l’association Cartooning for Peace, que Plantu a
fondée en 2006, encouragé par Kofi Annan, Prix Nobel de la Paix et ancien Secrétaire général de l’ONU.
L’association, qui compte aujourd’hui 162 dessinateurs de presse de tous les pays, s’est donné comme
rôle de défendre la liberté d’expression à travers le dessin de presse, lors d’expositions itinérantes, de
conférences et d’interventions dans les établissements scolaires.


Album : Plantu, 50 ans de dessin, texte de Eric Fottorino
160 pages, 200 visuels, Prix : 18 euros, Calmann-Lévy, 2018