Humoresques

TOPOR au Théâtre du Rond-Point

LE ROND-POINT FAIT SA FÊTE À TOPOR.
CONCEPTION NICOLAS TOPOR ET JEAN-MICHEL RIBES
12 – 17 DÉCEMBRE 2016
Cet homme qui saute dans l’autobus, cet autre riant à la terrasse d’un café, la concierge qui monte le courrier, le président saluant la foule, ces femmes qui pleurent, ces enfants qui rentrent en classe, ce voleur qui s’enfuit…

Des acteurs, juste des acteurs ! Tout est prévu, répété, réglé, mis en place. Simples rebondissements d’une pièce écrite depuis la nuit des temps, que le monde interprète sans entracte ni relâche. Ainsi pensait Topor, acteur rebelle de la comédie humaine, qui refusait le rôle que lui avait distribué un tyrannique destin, implacablement mis en scène par la société. Le théâtre d’idées reçues, de pantomimes mécanisées, de paroles obligées, cruelle dramaturgie de la fatalité où l’homme bégaye une vie qu’il n’a pas choisie, Topor ne voulait pas la jouer. Pour lui échapper, il fuyait souvent dans son lit et combattait en rêvant l’obscure platitude de cette réalité à laquelle il était allergique. Toute l’œuvre de Roland est un songe révolté, un cauchemar réjouissant qui ricane de l’épouvante. Farces de plaisir et douleurs mêlés, rires torturés, tendresses cruelles, noirceur de la joie et lumière des ténèbres rugissent et sourient dans les textes, les dessins, les peintures, les chansons, les films et le théâtre de Roland Topor, qui toute sa vie a mis en scène le grand cirque du monde, celui qu’on ne peut apercevoir qu’en l’inventant. JEAN-MICHEL RIBES
 
AU PROGRAMME Durant une semaine, du 12 au 17 décembre, Nicolas Topor, son fils, et Jean-Michel Ribes, son ami, vous proposeront un éclat de ce champagne noir qu’était l’œuvre de Roland Topor, pétillante d’audace et de rire panique, balayant l’esprit de sérieux comme la certitude des gens qui savent. Se mêleront chansons, théâtre inédit, projections de ses films et de ses émissions de télévision ainsi que d’extraits de ses interviews inédites, lecture de ses nouvelles les plus savoureuses et de ses aphorismes, témoignages de proches et bien sûr un verre de rouge ou une coupe de champagne au choix, ou les deux.
 
ENTRETIEN AVEC NICOLAS TOPOR ET JEAN-MICHEL RIBES
Le « Festival Topor », s’agira-t-il d’une commémoration ?
 
Jean-Michel Ribes : Pas du tout ! Jusqu’à peu, nous nous parlions, Roland et moi, au moins tous les deux jours… Et depuis quelques semaines, à cause de nos emplois du temps difficiles, on se voit un peu moins. Il fallait qu’on se retrouve. Ce ne sera pas du tout une commémoration, mais une continuation… Je veux qu’il revienne nous dire les choses qui nous ont tant réjouis, qui nous ont aidés à sortir des mélancolies du réel…
Nicolas Topor : Avec Alexandre Devaux, nous travaillons sur plusieurs ouvrages autour de son œuvre graphique, parus et à paraître aux éditions des Cahiers Dessinés, pour souligner l’actualité et la pertinence de l’œuvre de mon père. Nous avons proposé à la Bibliothèque nationale de France une grande rétrospective de son œuvre qui débutera au printemps 2017… Cela faisait longtemps qu’aucun événement n’avait été organisé autour de Topor. Il est pourtant un artiste majeur, avec un esprit libre, à l’humour noir corrosif… Beaucoup de jeunes auteurs et artistes, comédiens, se retrouvent dans son œuvre aujourd’hui ou y puisent leur inspiration. Au Rond-Point, nous voulions éviter l’hommage pesant, et plutôt saluer la joie libératrice de Roland à travers son œuvre et ses amis artistes.
 
Comment allez-vous organiser cette fête à Topor ?
 
Jean-Michel Ribes : Pour commencer, nous serons chez lui, puisqu’il a sa salle au Rond-Point… Il n’a jamais été absent de ce théâtre depuis que j’ai pris en main sa destinée. Avec Nicolas, on a scindé les soirées en deux moments : une session à 18h30, une autre à 21h. On proposera d’abord des lectures de textes inédits ou inconnus, comme l’irrésistible exercice d’anthropophagie La Cuisine cannibale, et d’autres textes tirés de La Plus Belle Paire de seins du monde, ou de Café Panique. On pourra retrouver une partie de son œuvre audiovisuelle, avec des extraits de La Planète sauvage, de Marquis, des moments de Téléchat, mais aussi des émissions qu’on a inventé ensemble, comme Merci Bernard ou Palace… La deuxième partie de soirée sera consacrée à ses chansons, son univers musical, et on assistera à la mise en espace de La Princesse Angine, un texte inédit de Topor.
 
Nicolas Topor : La Princesse Angine est l’un de ses premiers romans… Il en avait fait une mouture pour la télévision qui ne s’est jamais montée. Nous avons signé l’adaptation théâtrale avec Alexandre Laurent qui en signera la mise en scène. Ce texte, clin d’œil de Topor à Lewis Carroll interpelle sur la disparition du rêve dans le monde actuel et raconte le passage initiatique entre enfance et âge adulte. La lecture en espace de cette pièce avec parmi les comédiens, Rufus et sa fille Zoé sera donc une grande première !
 
Jean-Michel Ribes : On prépare un menu Topor, on concocte une belle carte… On va associer les plats les plus novateurs aux classiques « Panique », les plus succulents, la matière est considérable. On va essayer de faire une chose à la fois sucrée, épicée, mais surtout joyeusement panique ! Un moment de cette liberté de penser auquel s’accrochait Roland jusqu’aux confins de ses rêves.
 
Comment retrouvera-t-on l’esprit du Mouvement Panique en Topor ?
 
Nicolas Topor : Roland, c’était à la fois un esprit de jubilation et un esprit critique, avec la même force et la même intensité, peu importe le média qu’il utilisait, il poursuivait le même projet dans le cinéma ou la peinture, dans l’écriture ou la chanson. J’ai monté mon groupe, l’Écume des songes, qui reprend certaines chansons de mon père parmi nos propres textes (Zoé ma compagne et moi)… Nous défendons un univers poético-absurde entre Boris Vian et esprit Dada et préparons notre premier album. Nous proposerons donc ce Cabaret Panique, mené par notre groupe. Il y aura des invités, auteurs et interprètes de Topor, amis musiciens, comédiens et chanteurs.
 
Jean-Michel Ribes : Combattant acharné de l’esprit de sérieux, Roland avait fondé le mouvement Panique, avec Arrabal et Jodorowsky, non pas pour prononcer je ne sais quel manifeste. Ils avaient seulement trouvé par là le moyen de se faire inviter aux expositions et aux premières ! Quand on travaillait ensemble, on s’installait à sa table. Il fallait que tout soit drôle, mais que cela ouvre la terre en deux, pas de petites blagues, seulement de grands tremblements pour fendiller la réalité. J’ai côtoyé beaucoup de gens talentueux, mais ce champagne noir jaillissant, cette drôlerie éclaboussante, ce refus de la morosité, je n’ai rencontré ça que chez lui. Arrabal, qui a connu tout le monde, de Ionesco au Che en passant par Castro, disait que Topor était l’homme le plus intelligent qu’il ait rencontré. Le « rire panique » de Roland, ce rire du grand Pan, était un rire explosif, violent, atomique, une alarme qui avertissait du danger et le réduisait en poudre en le ridiculisant. Topor était l’immense poète du rire. PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE NOTTE
 
Extrait du dossier de presse: http://www.nouvelles-editions-wombat.fr/pdf/Rond_Point_Topor.pdf

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