Humoresques

Les Parisiens de Daumier

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Agnès Colas des Francs (dir.), Les Parisiens de Daumier, de la promenade aux divertissements, Milan, Silvana Editoriale, Galerie du Crédit Municipal de Paris, 180 p, 100 ill., 2013, 20€.

 

mot-clé : Honoré Daumier, Humour graphique, Paris, XIXe siècle

Le regard de Daumier sur le Paris du XIXe siècle nous découvre une ville où le spectacle est autant dans la rue que dans les lieux de spectacles ou encore les cafés, où les habitants sont les acteurs d'images criantes de vérité populaire.

 Catalogue de l'exposition du même nom organisée par le Crédit municipal de Paris, il propose une documentation précieuse sur l'époque grâce au travail de ses auteurs, Agnès Colas des Francs, Clémence Laurent, Sylvie Gonzalez et Dominique Lobstein. Les sections de l'exposition se retrouvent dans le catalogue :

LE PARCOURS DE L’EXPOSITION
Près de 130 documents, dont 100 lithographies de Daumier, sont présentés dans la Galerie du Crédit Municipal de Paris. Un parcours thématique a été privilégié. Il se divise en sept parties, chacune d’elle correspondant à un type de loisirs illustrés par Daumier. La scénographie rappelle au visiteur l’univers de la ville dans laquelle il peut déambuler, passant d’un espace-loisir à un autre.
LA RUE. Avec les transformations engagées depuis le début du XIXe siècle à Paris, différents lieux de déambulation voient le jour, rencontrent le succès ou la désaffection au grès des habitudes parisiennes. Le thème de la promenade urbaine offre à Honoré Daumier quantité de possibilités de saisir ses contemporains. L’artiste nous emmène sur les Grands Boulevards, reliant la Madeleine à la Bastille, et sur les Champs-Elysées, à la rencontre des Parisiens animés tant par le désir de voir que celui d’être vu. Cette partie évoque aussi les attractions de rue (saltimbanques, foires…) dont la gratuité en faisait le divertissement populaire par excellence.
LA SEINE. Au temps de Daumier, la Seine était le théâtre de multiples occupations et activités, tant commerciales et industrielles que récréatives. Les différents « types » parisiens que sont « le baigneur », « le pêcheur » ou « le canotier » inspirent au caricaturiste de nombreuses planches. Les bains sur la Seine, à la fois lieux de loisirs et d’hygiène, offrent à Daumier des sujets grotesques mais parfois aussi attendrissants. Par ailleurs, Daumier ne perd pas une occasion de se moquer des Parisiens qui, s’essayant au canotage sur la Seine, se prennent parfois pour des navigateurs expérimentés !
LE THEATRE. Depuis l’espace de la rue, le visiteur découvre le monde du théâtre. Au XIXe siècle, il est la principale distraction collective et touche la gamme la plus large de catégories sociales. Chez Daumier, le spectacle est autant sur scène que parmi les spectateurs : les différents moments composant une soirée théâtrale, les acteurs en train d’interpréter leur rôle ainsi que le public dans sa grande diversité lui ont inspiré de très nombreuses planches. Il nous emmène tour à tour dans les coulisses, nous faisant découvrir les rouages de l’illusion théâtrale, et dans la salle, nous invitant à en explorer les moindres recoins. Le Boulevard du Temple, haut lieu du divertissement populaire est évoqué à l’aide d’une maquette prêtée par le Musée Carnavalet.
LA FETE DU CARNAVAL. Fête populaire par excellence, le Carnaval de Paris connaît un véritable renouveau à partir des années 1830. De grandes réjouissances publiques sont organisées dans la ville, c’est une occasion d’aller danser au bal toute la nuit et de se déguiser (en Pierrot, en ange…). Une belle opportunité pour le caricaturiste de saisir les moments fugaces alors que l’ordre social est suspendu ! Daumier n’oublie pas cependant que le Carnaval a aussi son envers du décor : les plus pauvres peuvent se ruiner pour avoir un beau déguisement…le temps d’une nuit.
LES CAFES / CAFES-CONCERTS, sont des lieux de détente très en vogue au XIXe siècle. On s’y retrouve pour fumer, discuter, lire le journal, et boire, mais aussi pour partager une partie de dominos ou de carambolage, type de billard joué au milieu du siècle en France. Le café-concert, extension du premier et ancêtre du music-hall, nait dans les années 1850. Ce mélange café / spectacle connaît immédiatement un essor fulgurant. Les premiers établissements, installés sur les Champs-Elysées, sont en plein air et permettent au public d’échapper à la chaleur des salles de théâtre ou de spectacle tout en profitant de musiques et de chansons variées. Les lithographies de Daumier rappellent à la fois par leurs légendes et par leur dessin que ces établissements étaient fréquentés par différentes classes sociales.
LES SALONS ET EXPOSITIONS UNIVERSELLES. Le Salon de peinture et de sculpture est une manifestation artistique se déroulant à Paris depuis le XVIIIe siècle. Daumier l’a vécu de l’intérieur puisqu’il y a lui-même exposé plusieurs oeuvres. Il a également assisté aux deux premières expositions universelles françaises, s’étant tenues respectivement au Palais de l’Industrie sur les Champs-Elysées en 1855 et sur le Champs de Mars en 1867. Ces évènements offrent à Daumier l’occasion de saisir avec humour les réactions de ses contemporains face à l’art ou aux avancées industrielles qui leur échappent.
UN DIMANCHE A LA CAMPAGNE. La dernière section de l’exposition emmène les visiteurs hors de l’espace de la ville. Les Parisiens sont attirés par la campagne dont le développement du chemin de fer leur facilite l’accès. Une fois le mur d’octroi franchi, les Parisiens peuvent se promener, improviser un déjeuner sur l’herbe et se reposer à l’ombre d’un bosquet. Les fêtes de village, qui rythment la belle saison, donnent l’occasion d’assister à des feux d’artifice ou à des spectacles de saltimbanques. Les baignades dans la Seine leur permettent de se rafraîchir, sous l’oeil attentif de la police soucieuse de préserver la sécurité et la moralité. Daumier se plaît à mettre en scène le bourgeois citadin face aux périls de la campagne tel un crapaud rencontré au détour d’un chemin, ou un coup de vent lors d’un pique-nique familial !

 

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