Humoresques

Le rire et le roman

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Revue Etudes françaises, "Le rire et le roman", vol. 47.2, 2011. Numéro préparé par Mathieu Bélisle. Les Presses de l'Université de Montréal. www.pum.umontreal.ca.

Mot clé : Roman, Kafka, Cervantès, Kundera, Tristam Shandy, Hugo, Albert Cohen, Réjean Ducharme, Québec.

Si le rire accompagne le roman tout au long de son aventure, c'est qu'il apparaît comme l'un des traits les plus sûrs par lesquels cet  art protéiforme puisse être défini. Il paraît clair, en effet, que le roman ne peut plus être caractérisé uniquement suivant les principes qui président à la formation des genres canoniques, c'est-à-dire à partir de critères formels et performatifs, ou alors qu'un tel effort de définition, pour valable qu'il soit, ne parvient pas à cerner la spécificité du genre.

Pour mieux apprécier la nature du roman, il convient de faire intervenir un autre critère, moins concret parce que non formel, mais autrement plus décisif, en ce qu'il tient à une certaine manière de représenter et de concevoir le monde, ou lieux :à un certain esprit , ainsi que l'on nommait jadis l'humour. L'existence d'un tel esprit expliquerait qu'au cours de l'histoire, le roman n'ait pas eu besoin de se figer dans une forme précise, qu'il ait pu emprunter à toutes les formes et à tous les discours, qu'il ait pu s'écrire d'abord en vers puis en prose, qu'il ait pu parodier autrui et se parodier lui-même, sans que l'acuité de son regard s'en trouve altérée.

 Mathieu Bélisle qui présente le numéro avec "En quête du rire romanesque" est aussi l'auteur de "Le rire perplexe. A propos de Belle du Seigneur d'Albert Cohen". On retrouve un thème cher à Yen-Maï Tran-Gervat "'Humour cervantique' et 'roman parodique': réflexions sur le rire et le roman au XVIIIe siècle, à partir du cas de Tristam Shandy". Philippe Zard s'intéresse au "rire théologique de Franz Kafka" tandis que Thomas Pavel porte notre attention sur " l'ironie romanesque entre l'involontaire et l'échec. Une lecture de l'art du roman de Milan Kundera". D'autres textes complètent ces interrogations sur l'ambiguité du rire et le poids de l'ère du soupçon sur son expression joyeuse.